in blood's memory.

the maze, moroi royal court (drovkova creek), vadim badica + nazar ivashkov + RÉSERVÉ. @ ALASKA.

Le soleil déclinait largement à l'horizon, le ciel était teinté de mille tons d'oranges et de roses. L'air était doux, quoi qu'un peu chaud. Nazar préférait la fraîcheur rassurante de la nuit tombée. Ça avait l'air d'une simple promenade de routine, en apparence. Une ballade innocente au milieu des jardins du Palais Royal, étendus et fiers. Ils en faisaient sa réputation, indécents par leur richesse et leur entretien. Nazar prenait rarement le temps d'y venir, bien trop occupé par sa famille, son travail, et ses récents problèmes d'addiction. Si il était là, en cette fin de journée, c'était bien pour cette raison. Il avait entendu dire que le jeune Vadim Badica – garçon tout à fait charmant qu'il exécrait néanmoins comme bon nombre de ses congénères royaux – s'y trouvait en ce moment-même. Et il était fort de constater que cette méprisable et juvénile créature était la seule personne connue à pouvoir le sortir de la situation désastreuse dans laquelle Nazar se trouvait depuis quelques temps. Il le soupçonnait fortement d'avoir lui aussi connu les joies de la morsure au point d'en être accro et que le monde cesse de tourner. Il fallait qu'il y mette un terme au plus vite, avant que ses erreurs ne lui explosent au visage et que sa merveilleuse vie vole en éclats. Nazar ne supporterait pas de perdre Deliah pour une ridicule Blood Whore, Blood Whore dont il avait détruit et pourrit l'existence comme un grand garçon. Agacé par la sensation du soleil couchant mordant sa peau marmoréenne, l'homme mit sa main en visière pour regarder autour de lui. Les jardins étaient extrêmement grands, il n'était pas aisé d'y retrouver quelqu'un. D'autant plus que les Royaux avaient eu la bonne idée de la construire en forme de labyrinthe, ce qui ne simplifiait nullement la tâche. « Excusez-moi, Mesdemoiselles. » interpella-t-il à deux jeunes femmes avec un sourire. Les femmes faisaient plus facilement attention à Vadim et son visage doux et séducteur que les hommes. Il leur demanda si elles l'avaient croisé, ce à quoi elles répondirent positivement en désignant la direction à suivre. Nazar les remercia et s'éloigna d'un pas lent. Il avait hâte que cette discussion prenne fin alors qu'elle n'avait même pas commencé. C'était désagréable rien que d'y penser. D'autant plus qu'il allait devoir faire semblant de lui tomber dessus par hasard, et réussir à mener la conversation à ce sujet, l'air de rien. C'était dans ses cordes, mais la perspective n'en était pas pour autant excitante. Ses prunelles bleues glissèrent sur les haies et autres roses pendues au dessus de bancs de marbre blanc. L'endroit était soigné et paisible. Deliah et lui ne venaient pas assez souvent ici, ou en tout cas plus assez. Autrefois (comme si cela avait fait plusieurs décennies!) ils y passaient des heures, main dans la main, sans se lasser. C'est alors que la silhouette de Vadim Badica apparut dans son champ de vision. Nazar le connaissait depuis toujours, depuis sa plus tendre enfance. Il était encore un gamin, du même âge que son frère Miles. Il ne l'appréciait pas mais l'avait vu grandir comme les autres enfants royaux, avec une sorte … D'affection extrêmement bien dissimulée. Parmi tous, c'était de loin le plus détestable et le plus intéressant. Le Moroï cachait un océan de secrets que Nazar était bien déterminé à découvrir. Mains dans les poches, il adopta une attitude nonchalante de promeneur du dimanche. Le genre perdu dans ses pensées, prêt à bousculer n'importe qui sans s'en rendre compte. « Tient, Vadim Badica. » lâcha-t-il en faisant mine de le découvrir en arrivant à sa hauteur. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Il était de notoriété publique qu'une guerre silencieuse faisait rage entre eux, tout le monde le savait. « Voilà bien longtemps que je ne t'avais pas vu, tu as … Grandi. » railla Nazar d'un ton sarcastique, à la manière des vieilles personnes s'extasiant sans cesse sur leurs petits-enfants qui gagnaient chaque année un centimètre en plus. Pourquoi était parti Vadim ? Comment s'en était-il sorti ? Il avait envie de l'attraper par le col, le secouer et lui poser toutes ces questions. Mais Nazar se devait de rester courtois, du moins dans la mesure du possible. « Tu as l'air d'aller bien, ça fait plaisir à voir ! Je t'avoue m'être beaucoup inquiété quand ton joli minois était rongé par un mal inconnu qui te donnait cet air maladif si peu seyant. » D'accord, ça allait être difficile d'être courtois. Il ne fallait pas trop en demander à un Ivashkov et un Badica. Ce serait un miracle si ils ne s'étaient pas sautés dessus pour s'arracher la carotide avec les dents avant la fin de la conversation. Néanmoins, cela s'annonçait beaucoup plus amusant que prévu. Ce garçon lui inspirait mille horreurs et vacheries qu'il ne pouvait lancer à personne d'autre, sinon à cette gamine d'Elia Dragomir, et peut-être sa chère amie Deshda. Une belle bande de cibles sur pattes. Qu'en penserait Deliah si elle le voyait agir ainsi, même avec un ennemi de la famille ? Elle désapprouverait certainement, elle détestait qu'il fasse preuve de sarcasme. Mais manier les mots était plus tranchant que la maniement de n'importe quelle arme, et beaucoup plus amusant. Nazar se faisait un plaisir de provoquer les gens, il appréciait néanmoins bien peu qu'on lui réponde. Le dominateur maniaque du pouvoir et de la puissance n'aimait pas tomber de son piédestal, dans une certaine mesure.

Venir au palais était toujours une épreuve pour lui, un moment durant lequel il n'était pas vraiment lui-même. Non, il devenait l'image que ses parents attendaient de lui, une enveloppe dans laquelle il se complaisait, parfois un peu trop. Parce que d'une certaine manière, c'était un rien, il devenait ce néant dans lequel des gestes purement automatiques suffisaient. Ce soir, alors que la nuit n'était pas encore pleinement tombée, Vadim avait décidé de sortir. Il ne faisait pas partie de ces personnes qui craignaient les faibles rayons de soleil. Non, pour lui, c'était l'inverse ce picotement lui donnait l'impression de vivre ou plutôt le rapprochait de cette sensation. Il était comme Icare, toujours à la recherche d'un soleil qu'il peinait toutefois à trouver. Oui, tout n'allait pas parfaitement bien et les choses ne s'arrangeraient surement jamais. Il n'avait jamais été le Moroï par excellence, celui qui agissait comme tous les autres, non, il était particulier, bizarre. Lui ne voyait que par ce soleil qui l'étouffait et pourrait à long terme finir par lui être fatale et par elle. Cette donzelle qu'il avait ancré bien au fond de son cerveau pour ne plus y penser ou plutôt pour tenter d'arriver à ce résultat. Sortir dans les jardins royaux, c'était se laisser aller l'espace d'un moment sans penser au reste, sans se dire qu'une fois rentré à l'intérieur, il devrait reprendre ce rôle qui a un moment où l'autre finirait par lui coller à la peau. Peut-être qu'il pourrait également en profiter pour se perdre un peu, pour disparaitre le temps d'un instant et ne plus réapparaitre. Sauf que les choses ne se passaient jamais comme il l'espérait et la présence d'une personne trop proche de lui était bien loin de lui-être agréable. Parce que ce qu'il cherchait c'était une tranquillité qui ne lui serait jamais donné non, même Nazar Ivaskov avait décidé de pourrir son début de journée. Que lui voulait-il ? Ce n'était pas vraiment le genre de personne avec qui il passait son temps. Déjà quand il venait plus souvent à la cour ce n'était pas quelqu'un avec qui il s'entendait particulièrement bien. Non, il ne voyait pas vraiment pourquoi cet homme venait près de lui. « Nazar Ivaskov quel honneur de passer un instant en votre compagnie. » Il se moquait ouvertement de lui surtout que le jeune homme ne semblait pas être dans son assiette ou du moins pas dans la meilleure forme. Il ne comprenait vraiment pas ce qui pouvait lui donner envie de passer du temps en sa compagnie. Ils n'étaient pas amis et ne le seraient jamais, oui, il ne voyait vraiment pas où il voulait en venir en l'emmerdant aujourd'hui. Un rire sarcastique sortit aussi de ses lèvres en l'entendant parler de la sorte. Alors, c'est ça qu'il cherchait ? A savoir où il était allé et ce qui avait pu se passer ? Vraiment Nazar l'étonnait mais pas de la manière la plus agréable qu'il soit. « Le palais est-il d'un si grand ennui quand je ne suis pas là pour que tu viennes me chercher ? » Son sourire se fit plus serein comme s'il n'en avait que faire de la manière dont se comportait le royal. Finalement, c'était sans nul doute le cas. « Par contre, je dois avouer que je te trouve vieillit. Ceux qui prétendent que la vieillesse embellit devraient venir te voir pour avoir la preuve irréfutable que ce n'est nullement le cas. Ce n'était peut-être pas la chose la plus gentille à dire mais il n'avait pas vraiment envie d'être un ange avec une personne qu'il n'appréciait que très peu. Oui, il faisait tout son possible pour se détacher le plus rapidement possible de cette énergumène pour lequel il ne ressentait rien de positif. Oui, Vadim comprenait de plus en plus que Nazar était là pour une raison précise et qu'il cherchait tant à savoir ce qui avait pu lui arriver pour être honnête. Oh oui, il avait besoin de savoir la vérité, de comprendre ce qui pouvant tant intéresser l'homme sur son passé. « Je te remercie de ton inquiétude mais je n'ai jamais été malade, j'avais simplement besoin de me retrouver au calme loin du palais pendant un moment. » Il ne mentait pas du tout. Il détournait la vérité pour l'arranger à son avantage ce qui finalement faisait de lui un homme comme tant d'autre. Toutefois, son regard ne pouvait se détacher de celui de Nazar. Oui, il ne pouvait pas jouer au con, il avait besoin de savoir ce qu'il pouvait avoir en tête ou au moins d'avoir une meilleure idée de ce contre quoi il était en train de lutter. « Tu sais Nazar, jouer au mec qui s'inquiète pour ne te va nullement. Tout irait plus vite si tu étais un peu plus honnête. Dis-moi ce que tu veux de moi et peut-être que je consentirais à l'idée de penser à réfléchir à ta requête. » Son sourire malicieux fit ressortir ses dents mais tout ne faisait que commencer, oui, il attendait avec une impatience folle le moment où les choses iraient un peu mieux ou du moins différemment de ce qu'elles faisaient maintenant.

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