Aujourd'hui, Hunter a dix-sept ans. Elle s'en fiche, elle n'a jamais aimé fêter ses anniversaires. Une fête est malgré tout organisée en son honneur dans la chambre d'un fils Taurus. Elle le connaît bien et n'a jamais su pourquoi elle l'intéressait autant. Après tout, il a la réputation de se faire toutes les Moroï royal mais de ne jamais, au grand jamais, toucher aux hybrides.

En arrivant dans la chambre du vampire, la belle fut surprise. Ils n'étaient que 6. Deux filles sont assises sur le lit, sirotent une boisson translucide, tout en lançant des regards langoureux à l'auteur de la fête. Ce dernier est assis au sol, avec deux de ses amis et Keith Jorning.

Hunter avait toujours été émerveillé par Keith. Il n'était ni royal, ni même noble mais était pourtant traité comme tel par tous les élèves de l'académie. Grand, blond, les yeux profondément gris, il était très séduisant et Hunter était tombé corps et âme dans ses filets l'année précédente.

Elle prend place près de lui après avoir balancé une bouteille de vodka sur le lit, près des deux demoiselles qui lui offrent un sourire avant de revenir à leur occupation.

« Ils sont où les autres ? Attends, j'ai dix-sept ans et vous n'avez même pas invité un stripteaser . Tu crains Taurus ! »
« Jorning serait ravi de te le faire, j'en suis sûr » lui répondit son interlocuteur

Tous rirent mais Hunter reprit vite son sérieux.

« Non je suis sérieuse pour une fois »
« On va jouer à un jeu toi et moi, Lee. »
« Je te l'ai déjà dit, je ne te laisserais pas me tripoter » répondit-elle, malicieuse.
« Non, vraiment, c'est un jeu humain, je t'explique. Les gars font nous donner des verres, j'ai réussi à marchander du whisky et du get 27, et puis on a ta vodka »

Hunter sait qu'il a utilisé son pouvoir de persuasion avoir ce qu’il veut. Il ne détient pas l'esprit mais c'est beaucoup entraîné. Elle trouve cela fabuleux, qu'est-ce qu'elle aimerait être capable de faire ce genre de choses.

« Donc le but est simple, je dis quelque chose, si c'est vrai, tu bois, sinon je bois »

Un sourire vient fleurir le visage de la novice, elle tient plutôt bien l'alcool et est presque sûre que ce n'est pas le cas du donjuan en face d'elle.

« Je commence » dit-il en la fixant « Ta mère est une Blood Whore »

Hunter prend l'un des dix petits verres posés devant elle et le bois. Le liquide lui brule la gorge. Elle adore cette sensation.

« C'est un secret pour personne...à moi. Ton père te bat. »

Le garçon hésite. Toutes les familles royales ont un cadavre dans leur placard, mais elles évitent de le montrer. Avouer une maltraitance montrerait que tout n'est pas rose chez les gens de la haute. Pourtant, après quelques instants, il boit. Personne ne dit rien.
Le jeu continu, les verres s'enchaînent. Hunter commence à avoir mal à la tête mais William Taurus est, quant à lui, saoul. Il rit et pose enfin la question que tous attendent :

« Tu as tué quelqu'un. »

Hunter le regarde, prend le verre et le porte à ses lèvres. Ils retiennent leur souffle mais elle repose le verre en riant de bon cœur. Cette rumeur circulait depuis plus de cinq ans maintenant. Personne n'avait jamais eu confirmation de la future gardienne.

« Non sérieux, je suis si flippante que ça . Allez, comme vous aurez surement tout oublié demain, je vais être gentille. J'ai rendu visite à ma mère pour la dernière fois pour les vacances de Pâques en 2001, j'avais 12 ans. J'étais un peu naïve à l'époque, je n'avais pas encore compris que c'était une catin de bas étage. Donc j'étais partie faire je ne sais plus quoi, et en rentrant, je la vois avec un type, grand, baraqués cheveux gris. Les canines plantées dans son cou. »

Ils la fixent tous. Ces pratiques sont taboues, même en parler est mal vu.

« Alors j'ai peur, évidemment, je veux l'aider. Et puis je vois que le feu cheminé est allumé, alors je m'approche, je prends le tisonnier et laisse les flammes le lécher. Le fer rougi peu à peu. »

La jeune Lee sort de sa poche un briquet et allume la flamme. Celle-ci danse dans l'obscurité de la pièce, illumine faiblement son regard. Elle continue :

« Je m'approche d'eux, ils ne m'ont pas vu, je précise, alors je prends le type par surprise et lui plante le tisonnier dans l'oeil » un cri de dégout s'élève dans la pièce « puis je lacère sa joue. Il hurlait comme un cochon qu'on égorge. Ma mère était complètement stone. Alerté par les hurlements, un autre type entre, son gardien je suppose, et nous sépare avant que je l'achève. L'affaire a été étouffée, parce que si elle était passée devant un tribunal, tout le monde aurait su que ce noble est « ami » avec une catin rouge. »

Le récit prend fin. Hunter est fière. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'un des vampires lui saute dessus en hurlant. Keith allume la lumière, affolé, et Hunter peut voir la haine assombrir les traits du moroï. C'est un des amis de William, elle ne connaît rien de lui, ni son nom, ni sa famille.

« Tu mens » crache-t-il en posant ses mains sur le cou de la novice. « C'est une blessure de guerre ! Il a achevé un strigoï tout seul, c'est lui qui lui a pris son œil, tu es comme ta mère, Blood Whore ! »

Hunter la maîtrise facilement, après tout, ce n'est qu'un noble, il est faible. Elle met un temps à comprendre et à l'air franchement surpris.

« C'était ton père . »

« comment ça je suis virée ?! »

Hunter est en colère. Elle a un très fort caractère qu'elle tente de modérer la plupart du temps mais c'est, aujourd'hui, très difficile. En face d'elle se trouve Zéphyr, l'un des gardiens de la famille Karkarov, pour qui elle travaille elle aussi.

« Non, le terme n'est pas exact Hunter » répond-il doucement, pour ne pas brusquer la jeune femme.« La Dame Karkarov va bientôt avec quatre vingt ans, elle est malade et ne sort jamais du manoir. Il n'est donc plus nécessaire qu'elle est une gardienne attitrée. Comprends-tu ? »

Une volée d'insulte lui vint à l'esprit mais elle préfère ne pas partager sa pensée. Elle croise les bras et s'adosse au mur.

« Bien. Et donc je fais quoi si je ne suis pas virée . » Elle hausse un sourcil, attendant une réponse. Zéphyr hésite un instant, il n'aime pas se frotter à la jeune femme.

« Tu vas retourner à la cour et attendre une nouvelle affiliation. Madame Karkarov et moi-même allons se fournir une lettre d'encouragement. »
« La cour comme dans la cour royale se trouvant en Pennsylvanie des États unis d'Amérique . »
« Exactement » assura-t-il avec un sourire qui se veut réconfortant
« Génial, je pars quand ? »
« Dans une semaine »

Prendre l'avion est surement une des choses qu'Hunter déteste le plus au monde. Mettre sa vie entre les mains d'un idiot d'humain est une très mauvaise idée de son point de vue. Et puis, elle est malade dès qu'elle prend de l'altitude.

Quand elle arrive à l'aéroport de Philadelphie, elle fut un peu perdue. Même si la langue est la même qu'en Angleterre, il y a tant de choses différentes. Elle récupère son sac. Il n'est pas très grand. Étant gardienne, elle n'a ni garde-robe ni effets personnels. Toute sa vie tient dans ce petit sac.

Elle sort du bâtiment pour appeler un taxi. Elle observe les alentours. Il fait plus beau qu'à Hasting et cela lui réchauffe le cœur. Elle se rend vite compte qu'elle ne peut compter sur un taxi pour l'emmener à la cour, inconnue des humains. Soit, elle louerait une voiture.
Arrivée devant le concessionnaire, ce dernier lui présente les différents modèles qu'il est possible de louer. Elle tombe amoureuse, contre toute attente, d'une moto rouge, énorme et brillante. Elle n'a jamais eu la folie dépensière et pourtant ce jour-ci...

« La moto, est-ce possible »

Le vendeur acquiesce et lui donne les prix

« Donc, le forfait standard et de cinquante dollars par jour ensuite... » Hunter le coupe
« Je veux l'acheter »
Il est vraiment surpris mais lui montre les modèles en vente. L'un d'eux se rapproche assez de celui en location.

« Quinze Mille dollars ?! » s'étrangle-t-elle. Ce n'est pas avec son pauvre salaire qu'elle peut se payer ce genre de chose.
« Je vais louer l'autre finalement » dit-elle d'une fois boudeuse. Le vendeur semble exaspéré.

Elle paie d'avance et enfourche la moto, direction la cour. Elle n'y est allée qu'une seule fois, pour recevoir sa première affiliation, et reviens sept en plus tard pour recommencer la même procédure. Quelle galère.