⊹ MARK VITALI DASHKOV ⊹


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Elle a 19 ans, il en a 20. Ils s’aiment d’un amour fou et passionnel. Ils ont eu cette chance, rarement donnée aux Moroï de bonne famille, de tomber éperdument amoureux l’un de l’autre alors encore adolescents à Saint Vladimir. Iryna et Ryan Dashkov se sont unis dès leur sortie de l’académie, pour le plus grand plaisir de leurs familles et maintenant leur amour est sur le point de laisser la plus belle des preuves possible. Iryna s’apprête à donner la vie à leur premier enfant. Certains disent que c’est trop tôt, mais à quoi bon attendre ? Ils sont jeunes, beaux, riches et s’aiment à la folie, quoi de mieux que concrétiser leur passion par un enfant.

Iryna a perdu les eaux il y a de cela déjà quelques heures, les contractions lui broient le ventre et son col est bien dilaté. Le bébé veut sortir. « Tu es magnifique mon amour, sois forte, tu y es presque. » Son front est perlé de sueur, son visage est rouge, ses traits tirés dans une grimace, elle a le souffle court et se tortille dans tous les sens pour apaiser la douleur terrible qu’elle ressent et malgré cela son homme la trouve belle. Malgré son calvaire, elle se sent comblée. « Je t’aime. Embrasse-moi.» Les lèvres de son époux et les doux baisers qu’il dépose délicatement sur tout son visage finissent par l’apaiser. Les naissances chez les Moroïs sont toujours un peu compliquées surtout pour un premier enfant, c’est bien connu. Des femmes frêles aux hanches peu larges qui mettent au monde de grands bébés, cherchez l’erreur.

La délivrance arrive après plusieurs heures éprouvantes en salle de travail. C’est d’un cri retentissant que le petit Mark Dashkov salue ce nouveau monde et ce sont des acclamations, des larmes de joie ainsi que des myriades de baisers qui l’y accueillent. « Bonsoir mon petit ange, tu as les cheveux de ton papa, mais tu as mon nez. Heureusement » lance-t-elle à son mari avec des yeux rieurs, au comble du bonheur. « Merci Ryan. C’est le plus beau cadeau que tu puisses me faire. » elle ajoute en l’embrassant fébrilement.

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I know heaven must be beautiful right now, since they got you.
⊹ Aleksandrina’s charity hospital/ Manoir de la famille Dashkov 1991 ⊹

Un petit garçon erre seul dans les couloirs blancs de l’hôpital. Il a des traits angéliques malgré les cheveux qui lui tombent sur les yeux et qu’il s’efforce de dégager d’une main enfantine et maladroite. Ses cheveux sont noirs de jais et contrastent fortement avec sa peau blanche, ses grands yeux bleus qu’il tient de sa mère, semblent chercher quelque chose. Et pour cause, il cherche ses parents. Sa maman et son papa sont venus sortir son petit frère du ventre de sa maman et il veut y assister. Après tout c’est lui le grand frère et c’est son devoir de protéger son petit frère. Il s’est d’ailleurs bien assuré qu’Arthy dormait et que leur nounou Elena était bien près de lui avant de se faufiler hors de la maison pour venir rejoindre ses parents. A cinq ans c’est déjà un enfant malin, vif, autonome et très débrouillard qui fait la fierté de ses parents. « Mark ? » Il reconnait la voix de son père et se tourne vers lui. Il se jette dans les bras que lui ouvre son père. « Mark voyons qu’est-ce que tu fais là ? Tu sais bien que tu devrais être à la maison. Elena et Arthur sont venus aussi ?» lui demande Ryan d’une voix douce. L’enfant blotti sa tête dans le cou de son père et secoue sa petite tête brune. « Non je suis venu tout seul, je voulais donner ça à maman.» lui répond-il en montrant le lys qu’il tient dans ses petites mains. Ryan soupire en caressant la tête de son fils. « D’accord. On va la voir mais après je te ramène à la maison. Maman est … elle est très fatiguée Mark.» Il semble épuisé et inquiet.

----Une semaine plus tard----

Mark n’arrive plus à dormir. Il reste éveillé dans le noir, les yeux grands ouverts et sans rien voir. Quelques jours plus tôt son père est rentré à la maison avec son nouveau petit frère Nikolai, mais sans sa maman. Le petit garçon a du mal à comprendre pourquoi, on lui a dit que sa mère était morte et on l’a amené à l’hôpital pour lui dire au revoir. On lui a aussi dit qu’elle ne reviendrait jamais à la maison et qu’il ne la reverrait plus. Il a du mal à comprendre pourquoi, après tout les gens ne disparaissent pas comme ça. Il se lève et va dans la nurserie de ses petits frères. Il a maintenant deux personnes à protéger et dont il devra prendre soin. C’est beaucoup de responsabilité mais il en est fier, il aime se sentir utile. Maintenant ce n’est plus que son père et eux trois. Le petit brun se dirige vers le berceau de Nikolai dont émanent des gazouillements légers. Il se hisse sur les barreaux pour parvenir à voir son frère et glisse un doigt dans son petit poing qui se referme dessus immédiatement. « Tu sais pour quelque chose d’aussi petit, tu as coûté drôlement cher. Tu as coûté maman. Peut-être que si on te ramène à l’hôpital ils accepteront de nous rendre maman.» Il est surpris par un bruit étouffé qui provient de derrière lui et manque de tomber en se retournant. C’est son père qui les regarde les larmes aux yeux, il se retient de pleurer. Il lui tend la main pour lui faire signe de le rejoindre « Allez viens mon garçon, il faut aller dormir. »

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A little party never killed nobody. Right here, right now’s all we got.
⊹ Académie Saint Vladimir, 2003 ⊹

Ce que Mark préfère à Saint Vlad sont sûrement les fêtes et les filles, toutes les filles moroï comme dhampir. Sécher les cours pour s’envoyer en l’air est tellement compliqué à cause de la surveillance accrue de l’établissement que ça en devient irrésistiblement tentant et excitant. Loin de papa maman, même les plus prudes se dévergondent et ne se font pas prier, au plus grand plaisir de Mark et ses amis. Bien sûr le gros lot restant de se taper une royale, ça par contre c’était une autre histoire, la plupart des familles royales exigeant archaïquement la virginité de la promise pour un bon mariage.
Ils s’étaient débrouillés pour introduire pas mal d’alcool pour la fête qui allait avoir lieu ce soir et n’en étaient pas peu fiers. Les festivités se dérouleraient dans la chambre qu’il partageait avec son meilleur ami. Ils avaient réussi à l’aménager de sorte à ce qu’elle soit plus spacieuse, en virant notamment les lits dans la chambre voisine, occupée par d’autres de ses bons amis. En fait la soirée qu’ils organisaient était une sorte d’after. Aujourd’hui c’était l’anniversaire de la Reine Tatiana et comme il est de coutume un bal avait été organisé à l’académie. Sauf que voilà c’était un BAL organisé par L’ACADEMIE. Barbant à mourir, mauvaise musique, pas d’alcool, pas de moyens de se rapprocher sans que les professeurs ne crient à l’exhibitionnisme. Ils ne sont pas inquiets pour leur petite fête clandestine, si ils se font attraper les surveillants seront indulgents, après tout ils fêtent aussi l’anniversaire de la Reine.
« J’espère que tu es prêt pour ce soir Dashkov. » Lui lance la voix terriblement sexy et langoureuse de Maryana Turner alors qu’il entre dans la salle de bal en retard. En se retournant avec le sourire en coin qui est devenu sa marque de fabrique pour lui répondre, il ne peut que rester bouche bée, les yeux ronds comme des soucoupes devant le spectacle qui s’offre à lui. Elue dhampir la plus sexy de l’académie Maryana avait apparemment tenu à prouver qu’elle méritait mille fois son titre. Une fois remis de sa surprise il se recompose une expression plus aguicheuse, hausse un sourcil en penche la tête sur son épaule en la reluquant sans vergogne. « Ta robe est tout bonnement indécente Maryana. » Elle rosit de plaisir et s’expose un peu plus à son regard. « Que dirais-tu de me l’arracher Mark ?» « Bien volontiers mais plus tard. Tu danses ? » lui propose-t-il en lui offrant son bras. Elle accepte, bien entendu.

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Fear is only in our minds but it's taking over all the time.
⊹ Appartement de Mark Dashkov, New-York, 2011 ⊹

« Mark ! Mark réveille-toi ! Bon sang Dashkov allez c’est juste un cauchemar ! » Il revient à lui en ayant l’impression d’être une pauvre chaussette malmenée par le tambour d’un lave-linge. Mark ouvre les yeux pour rencontrer ceux inquiets d’Anton Jenkins, son gardien, son meilleur ami. Ce dernier qui le secoue comme un prunier le lâche et pose le pieu en argent qu’il a précipitamment jeté sur le lit de Mark sur la table de chevet. « On est jamais trop prudent. » ajoute-t-il en haussant les épaules pour répondre à l’interrogation muette du Moroï. « Je croyais que … tu sais … que c’était terminé … enfin que tu ne faisais plus de cauchemars. C’était il y a plus de deux ans. » Anton est tout aussi gêné que son ami, et il a l’élégance de se lever et d’aller inspecter la grande chambre pour soulager un peu la tension qui s’installait. Mark se renfrogne, il n’aime exposer ses faiblesses à personnes. Et face à Anton, si fort et si courageux, il se sentait déjà trop souvent comme une lavette. Ah ces dhampirs. Il soupire. « Si, à chaque fois que je change d’endroit où dormir. Ca dure un ou deux jours au max. Mais normalement tu ne le remarques pas. » Il passe un t-shirt à la hâte pour réduire minablement son infériorité physique face à l’impressionnante musculature du gardien. L’ironie est que Mark est musclé pour un Moroï. Il s’entraine avec Anton depuis deux ans maintenant, ça ne donne rien d’impressionnant et il sait qu’il ne deviendra jamais Arnold Schwarzenegger mais au moins on ne sent pas ses os et quelques muscles se profilent même. « Qu’est-ce qui m’a trahis ? » Demande-t-il alors qu’il rejoint son ami devant le mur entièrement fait de vitres de sa chambre. « Tu criais comme une petite fille, je suis venu voir si t’avais pas besoin d’un doudou. » Le moroï se retient de rire et essaye de se composer une expression et un ton de marbre. « Gardien Jenkins cherchez-vous à vous faire renvoyer ? » « Tu n’oserais pas. » « Oh que si ! Et je veillerai personnellement à ce que tu sois affecté à une ado à peine pubère. Tu devras l’accompagner en virée shopping et parler mecs et rapports sexuels avec elle. » La mine horrifiée d’Anton est une belle récompense et il ne peut se retenir de rire plus longtemps. « Connard. Le soleil se couche. » «Oui. Je vais me doucher et après on s’entraîne, ça te va ? » « Chef oui chef ! Attend ça veut dire que je suis pas viré ? »

Mark lève les yeux au ciel en souriant et va s’enfermer dans la salle de bain. Il se déshabille et vérifie la température de l’eau. Se plaçant sous le jet tiède il perd sa bonne humeur en repensant à son rêve. Plus souvenir atroce que rêve d’ailleurs. Il se revoit, Anton et lui, deux ans plus tôt au beau milieu de la nuit dans une sombre ruelle newyorkaise. Comment s’étaient-ils retrouvés là ? Ils venaient de sortir d’un déjeuner nocturne avec des amis de l’académie, déjeuner un peu trop arrosé. Mark n’avait pas encore pris de veine et était joyeusement bourré. Anton l’avait entraîné dans une ruelle pour qu’il puisse se soulager de quelque façon qu’il souhaitait. Alors que le moroï vomissait il sentit son gardien l’agripper pour le projeter derrière lui. Il les sentit avant de les voir. Des Strigoïs, trois, grands, féroces, bestiaux, avides de son sang qui les acculaient dans l’impasse. Ils étaient pris au piège. Il espéra vaguement que ça soit une hallucination mais la posture défensive d’Anton et surtout l’éclat mortel du pieu d’argent qu’il tenait fermement lui intimèrent que tout était réel. Rien ne bougeait, le monde semblait s’être stoppé, seuls ses tremblements frénétiques et incontrôlés l’assuraient du contraire. Les quatre adversaires se jaugeaient. Il faut dire qu’Anton était actuellement tout aussi effrayant que les trois Strigoïs réunis, avec ses huit molnija tatoués sur la nuque et pas effrayé pour un sou. « Oh merde » lâcha le moroï mortifié en réalisant pleinement la situation dans laquelle ils se trouvaient, l’horreur chassant l’ivresse. Ses mots marquèrent le début de l’assaut et le gardien sauta à la gorge de ses assaillants en un battement de cil. Anton profita de l’effet de surprise pour neutraliser un premier Strigoï d’un pieu dans le cœur, trancha la gorge du second et repoussa le troisième de son dos en lui enfonçant son pieu dans le ventre avant de reprendre sa position de défense. Les monstres reculèrent sous le coup de la douleur et eux aussi reprirent leur position. Ils se consultèrent et semblèrent se mettre d’accord car ils relancèrent l’attaque aussitôt, nullement affectés par la perte d’un de leurs congénères. Ils s’attelèrent à tenter d’immobiliser et désarmer Anton. Finalement, l’un d’eux costaud, clairement ex-dhampir, y parvint en emprisonnant les bras du gardien derrière son dos. Le second plus grand et mince, ex-Moroï, tordit sournoisement le poignet du dhampir afin qu’il lâche son pieu, ce qu’il fit. L’ex-Moroï qui semblait être le chef des opérations lâcha un petit ricanement satisfait. « Prenons notre temps Lev. Je veux que ce chien de royal voie son cher gardien devenir l’un des nôtres. » Sur ces mots, Anton rua de plus belle pour essayer de se défaire de la prise du Strigoï. N’y parvenant pas il darda un regard de fer sur Mark en tournant la tête vers la sortie de l’impasse lui intimant de dégager mais le Moroï était trop sous le choc pour ne serait-ce que battre des cils. Vaincu devant l’immobilité de son ami, le gardien cessa de se débattre. Le grand Strigoï n’hésita pas et en profita pour le mordre à la jugulaire, il émit un petit gémissement satisfait qui donna la nausée à Mark et le ramena sur terre par la même occasion. NON ANTON ! NON ! FEU BRULER FEU ! Et sans que personne ne comprenne ce qu’il se passe les Strigoï s’enflammèrent. Le costaud lâcha instantanément Anton qui ne perdit pas une minute, bien que sous l’effet des endorphines Strigoïs, pour ramasser son pieu et le loger dans la poitrine du monstre. « Mark la tête que la tête ! Mark ! » Le dit Mark sentait ses forces le quitter à vitesse grand V, sa tête tournait mais il comprit tout de même l’ordre de son ami et concentra sa magie sur la tête du grand Strigoï. C’était mieux en effet. Il vit d’ailleurs ce dernier se lacérer le visage de ses propres ongles redoublant de vigueur à se défendre et à tenir Anton loin de lui. Il criait encore et encore d’une voix décharnée venue d’un autre monde. Mark, à bout de forces, s’évanouit en voyant Anton percer la poitrine du Strigoï de son arme, là où se trouvait le cœur mort de la bête.

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