« La Dashkov’s Inc. et son PDG Mark Dashkov  se font un plaisir de vous accueillir et vous souhaitent de passer une merveilleuse soirée. » tonna la voix amplifiée mais néanmoins mélodieuse d’Amanda, sa chargée de communication, alors qu’elle affichait un sourire colgate en réponse aux applaudissements des convives. Mark la remercia d’un signe de tête alors qu’elle descendait de l’estrade sur laquelle jouait un talentueux orchestre. La réception ne faisait que commencer et il en avait déjà plus qu’assez. La soirée s’annonçait d’un ennui mortel. L’âge moyen des invités était de 50 ans et pour cause c’étaient ses actionnaires non ses amis. Il n’en connaissait réellement qu’une poignée et n’en appréciait que moitié moins. Il savait toutefois que cette réception était importante, elle était nécessaire à ce que ses actionnaires se sentent choyés, remerciés et respectés. Plus important encore, elle rassurait ceux qui avaient besoin de l’être sur le fait que leur argent soit bien placé. Une entreprise qui dépensait des millions en réceptions, galas et autres était à l’abri du besoin et de la faillite n’est-ce pas ? Et c’était bien le cas, la Dashkov’s Inc. ne s’était jamais mieux portée, ce soir les actionnaires inquiets dormiraient sur leurs deux oreilles.

Le jeune PDG était présentement en train de s’assurer de saluer tout le monde pour pouvoir s’éclipser le plus tôt possible. Dieu ce qu’il se sentait vieux au milieu de tous ses quinquas, sexas voire septuagénaires tandis qu’il se confondait en banalités et amabilités. Il assistait, écœuré, au défilé d’épouses ennuyées qui n’avaient rien trouvé de mieux à faire que le draguer ou pire s’enquérir de sa vie amoureuse, en soit de ce qui ne les regardait absolument pas. Mais où diable était donc passé le chic et l’élégance Moroï ?! Le brun avait l’impression d’assister à un concours de toilettage canin dans lequel le vainqueur aurait été celle qui était la plus fardée, avait brushing le plus volumineux et la robe la plus criarde. Il regretta ardemment le bon goût de la Cour et se promit de s’y rendre quand son agenda le lui permettrait.

Alors qu’il répétait la même chose pour ce qui lui semblait être la millième fois à un énième couple qui le regardait avec des grands yeux en buvant la moindre de ses paroles, Mark se maudit intérieurement. Il n’aurait pas dû venir seul, n’importe qui aurait fait l’affaire, malheureusement sa famille s’excitait à chaque fois qu’il apparaissait avec une femme à son bras, aussi il évitait cela le plus possible. Acquiesçant sans prêter attention à son interlocuteur il tenta de faire abstraction du regard qu’il sentait sur lui. Où qu’il aille les gens le traitaient avec admiration et déférence, il était habitué à ce qu’on le fixe et tout aussi habitué à ignorer le sentiment dérangeant et quelque peu oppressant que cela entraînait. Par ennui ou par agacement il finit par concéder un regard à son observateur et il jugea que c’était la meilleure décision qu’il ait prise de la soirée. En face de lui, près du bar, se tenait une sublime jeune femme, moroï sans aucun doute bien que son œil expert ne détecta quelques courbes plus que voluptueuse sous sa robe d’un bleu irisé. Séductrice, elle ancra son regard dans le sien en souriant tandis qu’elle le saluait levant une flûte de champagne où flottaient quelques framboises. Elle porta ensuite sa coupe à sa bouche pleine et tentatrice en buvant une gorgée tandis que Mark la saluait en retour. Haussant un sourcil amusé et esquissant un sourire en coin il siffla sa coupe d’une traite, sans la lâcher des yeux. Prétextant d’aller se chercher à boire il abandonna le couple à qui il faisait semblant de parler pour aller la rejoindre.

Ce devait sûrement être la fille d’un de ses actionnaires, dans les 24-25 ans tout au plus. Il nota mentalement de remercier son père d’avoir eu la bonne idée de l’amener. Il avait enfin trouvé une bonne raison de s’attarder à cette réception. « Je désespérais de rencontrer quelqu’un ayant moins d’une cinquantaine d’années. Votre jeunesse est absolument rafraichissante. » lui adressa-t-il dans un sourire complice avant de s’incliner légèrement en lui tendant une main qu’il porta à sa bouche dans un baisemain parfait dès qu’elle y glissa la sienne avant d’ajouter quand il se redressa « Mark Dashkov, à qui ai-je l’honneur ? ».

« Enchantée. Pyry Laine. Et à qui le dites-vous! Je me sens comme un petit poisson au milieu des requin » La voix riche et suave qui répondit à Mark fut à l’image de sa propriétaire, tentatrice. Le très léger accent exotique teintant chacun des mots qui glissaient sur sa langue d’un doux air enjôleur finit de le séduire bien qu’il n’en ait pas besoin. Déjà charmé et subjugué par son interlocutrice Mark savait qu’il devrait posséder cette femme d’une manière ou d’une autre. L’avoir à son bras pour la soirée était déjà un bon début. Il ne put s’empêcher de s’esclaffer face à l’ironie de sa remarque. Etait-ce du soulagement qu’il percevait dans sa voix ? Oh douce Mademoiselle Laine qui ne se rendait pas compte que le plus dangereux des requins était sans doute celui sur lequel elle avait jeté son dévolu. Il cacha le sourire carnassier qui attestait trop évidemment de son absence d’innocence quant à ses intentions envers elle. « Mademoiselle Laine, je ne doute pas une seule seconde que vous sauriez vous montrer tout aussi redoutable que n’importe lequel de ces requins. » lui répondit-il d’une voix qu’il voulait séductrice en lui adressant un clin d’œil audacieux.
« C'est donc vous que nous devons remercier pour nous faire gagner de l'argent et que je puisse porter de telles merveilles. » lui lança-t-elle en attirant son attention sur sa tenue. Le regard de Mark s’attarda sur ses courbes plus longtemps que les bonnes manières ne le permettaient. Cette jeune femme savait savamment comment attiser le désir d’un homme, il s’en amusa. A vos risques et périls Mademoiselle Laine. « Oh non ma chère, c’est moi qui vous remercie de porter une telle merveille. Vous êtes un véritable régal pour les yeux. » Il marqua une pause, lui tendit une main, qu’elle prit docilement avant de la faire tourner sur elle-même, lui laissant le loisir d’admirer l’entièreté de son corps dissimulé sous les longs pans de sa robe. « Oui. Je pense que tous les hommes de cette assemblée pourront s’accorder sur ce fait. Ce qui est en soit un exploit, leur principale occupation dans la vie étant d’être en désaccord avec tout. » Ajouta-t-il en levant les yeux au ciel afin qu’elle ne remarque pas qu’ils étaient devenus ombrageux tant il la désirait, sans se départir de son sourire en coin. « Je vous offre un verre? » offrit-elle de sa charmante voix. Mark haussa brièvement les sourcils, surpris et foncièrement amusé de cette demande plaisamment cavalière de sa part. « Enfin, techniquement, c'est vous qui l'offrez vu que c'est vous qui êtes à l'origine de cette soirée. » ajouta-t-elle. Pour la deuxième fois de la soirée, Mark Dashkov ne put s’empêcher de rire à cause de la séduisante et non moins intelligente inconnue qui lui tenait compagnie. « Bien volontiers Mademoiselle Laine. Je prendrais bien en effet quelque chose de plus … corsé. » lui répondit-il en insistant sur le dernier mot, un sourire mutin lourd de promesses flottant sur les lèvres tandis qu’il désignait la flûte vide qu’il tenait toujours dans ses mains. Elle sembla saisir le sous-entendu car elle vida la sienne en offrant gracieusement son cou délicat au regard avide de l’homme qui lui faisait face. Ce dernier retint son souffle quand elle perça les framboises de ses longues et fines canines. Voilà qui était pour le moins sexy. Elle se jouait de lui, elle le chauffait indéniablement, personne n’était naturellement un tel appel à la luxure. Il profita qu’elle repose sa coupe sur le comptoir du bar pour reprendre un semblant de contenance. Il serait mal vu qu’il lui saute dessus dans la minute n’est-ce pas. Elle se tourna pour interpeller le serveur et il desserra discrètement le col de sa chemise. « S'il vous plait. » Ce qu’il n’avait pas prévu était le spectacle qu’elle offrait ainsi accoudée au bar. Il posa sa main au creux de ses reins, frôlant sa peau satinée. Il n’avait pu s’en empêcher, sa robe offrait son dos dans un décolleté vertigineux et tentateur et il devait la toucher. Ça avait été plus fort que lui. Il répondait simplement à la demande qu’évoquait le somptueux vêtement et aussi au besoin primaire qui grondait de plus en plus fort en lui. Si cela la gêna ou la dérangea, elle n’en montra rien et le laissa faire. Il en fut ravi. « Alors dites-moi, qu'est-ce qui vous ferez plaisir? » « Vous voulez dire en dehors de vous ? » répondit-il en accentuant la pression de sa main sur le dos de la jeune femme, la caressant presque avant de rompre le contact, à contrecœur. C’était brute de décoffrage et manquait atrocement de finesse mais ça avait au moins le mérite d’être clair. Arborant un énième sourire en coin enjôleur il eut une idée. « Surprenez-moi Mademoiselle Laine. Si ce que vous me proposez me plait vous pourrez me demander ce que vous voulez. »

La proposition de Mark sembla plaire à Pyry, sans grand étonnement. De la pointe rose de sa langue elle caressa ses lèvres. Ah cette langue. Ah ces lèvres. Ah cette femme ! Le regard de du PDG s’embrasa une fois de plus, il désirait tout d’elle. Il sourit doucement en repensant à sa précédente réflexion « Je pense qu'il serait mal venu de déjà laisser vos convives, mais qui sait ce qu'il pourrait se passer après quelques danses. », ainsi était-elle tout aussi intéressée que lui. C’était bon à savoir. « Ce que je veux rien que ça. » Il hocha la tête, amusé, avant qu’elle ne se tourne vers le barman. « Deux Blow Job. Le cocktail évidemment. » lança-t-elle d’un air nonchalant. Dire que Mark avait faillit s’étouffer avec sa salive était un euphémisme. Cette jeune femme recelait décidément de surprises et il n’en était que plus charmé. Il commençait à vraiment apprécier sa compagnie. De plus elle avait fait mouche avec ce cocktail, l’alcool préféré de Mark était le whisky et il en contenait en crème. Elle lui tendit un shot qu’il accepta, en profitant pour frôler sa main. « Un cocktail de chez moi. C'est à boire d'une traite. Et peut être pourriez-vous commencer à m'appeler Pyry. Mademoiselle Laine fait tellement conventionnel. Skål. » proposa-t-elle avant de vider son verre. En fêtard invétéré Mark connaissait bien ce cocktail. Il se buvait d’une traite en effet mais aussi, et plus embarrassant, il devait être bu en soulevant le verre du bar avec sa bouche et sans les mains. Il lui était infiniment reconnaissant de lui épargner de se donner en spectacle de la sorte. Bien qu’il aurait payé cher pour la voir penchée ainsi sur le bar. Il lui adressa un sourire étincelant dévoilant ses canines sans gêne. « Touché Pyry. Skål. » Il s’exécuta donc et but le cocktail cul sec sans se départir de son grand sourire. Il s’amusait à la réception des actionnaires et c’était un petit miracle qu’il avait du mal à réaliser. Tout ça grâce à Pyry Laine. Il se demandait bien qui était l’ignorant qui avait dit que les suédoises étaient frigides et ne savaient pas s’amuser. Maintenant qu’il savait d’où elle venait il reconnaissait en effet de légères intonations nordiques dans ses mots. C’était vraiment joli. « Vous pouvez m’appeler Mark si vous vous sentez de le faire. » lui dit-il avec une moue ironique. Hormis sa famille et ses amis peu étaient ceux qui osaient l’appeler par son prénom. Il eut un petit sourire salace en pensant que la plupart des femmes qu’il connaissait bibliquement le vouvoyaient toujours et lui servaient encore du Monsieur Dashkov. Ainsi il trouvait l’initiative de Pyry intéressante, elle démontrait une fois de plus qu’elle n’avait pas froid aux yeux et qu’il ne l’intimidait pas. Ce qui était assez rare pour être souligné et apprécié. « Excusez-moi un instant. » dit-il en se saisissant du verre de la jeune femme qu’il reposa avec le sien sur le bar. Il commanda un verre de whisky pour lui et s’apprêtait à commander un bloody love sensation pour Pyry qui semblait apprécier les alcools forts et les fruits rouges quand il aperçût le serveur réaliser un absolut cosmopolitan, cocktail acidulé mais à la fois suave, comme elle. Ca lui correspondait parfaitement et il se ravisa et commanda celui la à la place. Le barman réalisa rapidement sa commande et il tendit son verre à Pyry. « J’espère que ça vous conviendra. Je me suis dit que ce cocktail vous ressemblait. » précisa-t-il en penchant la tête sur le côté pour mieux observer sa réaction. Il aurait vraiment l’air fin si elle n’aimait pas et elle avait l’air suffisamment franche pour le lui faire savoir. Il se mordilla la lèvre inférieure d’une canine, un peu nerveux puis prit une gorgée de whisky pour laisser le riche alcool spiritueux le détendre. Un petit attroupement commençait à se former près du bar, était-ce pour les espionner ou pour commander des boissons, il n’en savait rien mais il n’aimait pas cela. Posant sa main au creux des reins de sa cavalière improvisée il l’entraîna de l’autre côté, plus calme, de la salle de réception en continuant leur conversation. Aurait-il dû lui offrir son bras au lieu de poser une main possessive sur elle, la clamant ainsi comme étant sienne ? Bien sûr qu’il aurait dû, c’était ce qu’il convenait de faire. Allait-il le faire et détacher sa main de cette peau si douce ? Absolument pas. Il poussa même le vice jusqu’à caresser son dos de son pouce, sentant encore une fois l’envie le consumer. « Eh bien Mad… Pyry » se ravisa-t-il en affichant un petit sourire penaud. « Avez-vous une idée de ce que vous allez me demander ? »

Pyry réfléchissant à sa question se mordit doucement la lèvre, attirant une fois de plus toute l’attention de Mark sur sa bouche au dessin parfait. Il ne pouvait simplement pas en détacher son regard. Il voulait l’embrasser. Ce désir fut violemment attisé quand la jeune femme approcha subitement son visage du sien s’offrant inconsciemment à son baiser. Il dû mobiliser tout le sang froid qu’il lui restait pour s’empêcher d’assouvir ses pulsions et l’embrasser sauvagement devant toutes ces personnes qui n’attendaient sûrement que ça pour avoir quelque chose d’intéressant à raconter. Il s’adossa à sa chaise, mettant le plus de distance possible entre lui, Pyry et sa magnifique bouche. Fermant un moment les yeux pour se calmer, il les rouvrit quand elle lui répondit visiblement amusée. «Dites-moi Mark, cette proposition a-t-elle une date d'expiration? » C’était déjà la deuxième fois qu’elle l’appelait par son prénom et il aimait énormément cela. Lentement, il porta son verre à ses lèvres, but une gorgée de whisky et le posa sur la table, à côté de celui de la demoiselle. Un inévitable sourire fit son apparition au coin de sa bouche et il lui répondit en la regardant par-dessous ses cils tandis que son regard se voilait. « Disons que vous avez jusqu’à ce que nous nous quittions. » Il marqua une pause puis ajouta en passant distraitement sa main dans ses cheveux jusqu’alors parfaitement coiffés. « Je suis assez curieux de découvrir ce que vous pourriez bien souhaiter obtenir de moi. Je ne doute pas que ça en vaille le détour vu la façon dont vous jouez avec le feu sans aucune crainte. » Une pointe d’admiration était perceptible dans sa voix et il ne tâcha pas de la dissimuler. Une mèche rebelle lui tomba devant les yeux et il secoua la tête pour la chasser. Se faisant il détacha brièvement son regard d’elle pour le reporter distraitement sur le reste de convives mais ses yeux furent attirés par un trio familier un peu à l’écart du reste. Amanda, Claire et Brett, des employés à lui respectivement chargée de communication, secrétaire/assistante personnelle et assistant de direction, le fixaient et lui lançaient des regards courroucés et un peu inquiets. Mark n’en fut pas surpris, ces trois là passaient leur temps à le gronder et à lui reprocher de ne pas être assez chaleureux, entre autres. Ils devaient sûrement être contre le fait qu’il consacre toute son attention à la jeune femme mais il n’en avait que faire. Semblant prendre une décision Amanda s’avança dans leur direction mais il lui fit comprendre d’un signe de tête et d’un regard glacial que c’était une très mauvaise idée. Bien que dotée d’un fort caractère et étant têtue comme une mule, elle se ravisa et retourna avec ses deux collègues en fulminant. Il la vit se saisir de son portable et composer un message. Quelques secondes plus tard il sentit son propre portable vibrer dans la poche intérieure de sa veste, il ne le consulta pas. « Mais sinon, pourrions-nous passer le dîner pour se déhancher sur la piste, mais surtout nous éclipser un peu plus rapidement. J'adorerai visiter votre appartement. » Cette fois encore la jeune femme parvint à capter son entière attention, toute trace de colère désertant instantanément les traits et les yeux de Mark. L’audace de la suggestion de Pyry le désarçonna et le séduit bien qu’il ne put l’accepter. Premièrement parce qu’il n’amenait pas de coup d’un soir chez lui, par respect pour Anton et son personnel de maison mais aussi pour éviter d’être harcelé par d’éventuelles amantes au cœur brisé. Deuxièmement parce qu’il avait l’intime conviction qu’Amanda lui arracherait la tête si il avait le malheur de ne pas assister au dîner. Un rapide regard en sa direction lui confirma ce sentiment. Il avait bien un chalet ici à Yellowstone mais c’était pareil, c’était chez lui et puis il était un peu loin. Il se rappela alors que Claire lui avait réservé une suite dans le chalet principal, soit le même bâtiment que la salle de réception. Ca ferait largement l’affaire. « Je crains d’être obligé d’assister à ce dîner mais je vous promets qu’une fois terminé je vous emmène dans un endroit plus intime où nous pourrons discuter librement. » lui répondit-il un malicieux sourire ornant sa bouche. Discuter, seuls, dans sa suite, bien sûr. Il destinait à l’égard de Pyry un traitement beaucoup moins chaste mais il ne voyait pas l’intérêt de le lui exposer maintenant.

Mark consulta sa montre et ajouta. « Le dîner va bientôt être annoncé. Vous vous joindrez à moi n’est-ce pas ? » Elle n’avait pas réellement le choix à vrai dire, il ne la laisserait pas lui échapper. Il se leva et lui tendit la main pour qu’elle l’imite. Il plaça la délicate main de la jeune femme sur son bras en l’entraînant vers une autre table. « J’espère que votre ne père ne m’en voudra pas de vous subtiliser ainsi à lui. » chuchota-t-il à son oreille, amusé. En passant il analysa le plan de table à l’entrée de la salle et orienta leurs pas en direction de la table à laquelle Pyry avait été placée. Il s’empara du carton où figurait le nom de la jeune femme et se dirigea à la table où il savait le sien. Il remplaça le carton de la personne à sa droite par celui de la blonde. « Je n’ai jamais pu le supporter. » dit-il en lui adressant un clin d’œil complice. Il demanda à une serveuse qui passait d’aller placer l’autre carton à l’ancienne place de Pyry. Un majordome à l’allure impeccable monta sur l’estrade alors que l’orchestre fit une pause et il annonça le dîner. « Juste à temps ! Je vous en prie. » dit-il en tirant la chaise de la jeune femme pour qu’elle y prenne place. « Monsieur Dashkov que faites-vous ?! » lança la voix lourde de reproches d’Amanda qui virait dangereusement dans les aiguës alors qu’il s’installait près de Pyry. Il leva des yeux ennuyés vers sa chargée de communication l’air de dire « A ton avis ? », mais sa bonne éducation prenant le dessus comme d’habitude il fit ce qu’il convenait de faire et se leva pour faire les présentations. « Amanda, laisse-moi te présenter Mad… » Elle le coupa et asséna d’un ton cinglant « Mademoiselle Pyry Laine, enchantée, Amanda Carmonella. Je suis la chargée de communication de Mark.» Oula, elle l’appelait par son prénom en public, elle devait vraiment être en colère. « Vous vous connaissez ? » tenta-t-il pour l’apaiser tandis que les convives s’installaient à table. Elle darda un regard noir sur lui. « C’est mon travail Mark, de savoir à qui tu parles, quand et où. Et puis Mademoiselle Laine est une jeune femme exceptionnelle. » continua-t-elle en se forçant à sourire à Pyry. « J’en conviens. » Il ne voyait pas où elle voulait en venir. « J’imagine que tu sais qu’elle est ta plus jeune actionnaire. 19 ans et déjà un pied dans le monde des affaires. Impressionnant. » finit-elle, se calmant légèrement en voyant la stupeur de Mark face à ce qu’elle venait de dire. 19 ans. Actionnaire. Il avait blêmi. Quel con, comment avait-il pu être aussi aveugle ?! Et Pyry s’était bien foutu de sa gueule. Il comprenait maintenant les regards incendiaires de ses employés. Fricoter avec une actionnaire à peine majeure risquait de nuire à sa réputation et à l’image de son entreprise. Il était furieux et en voulait à la jeune femme à qui il jeta un regard glacial. « Merci Amanda j’ai compris le message. » dit-il en la congédiant. Il n’avait qu’une envie, en finir au plus vite mais il était coincé jusqu’à la fin du dîner, Pyry toujours à côté de lui. Le dîner fut servit une fois que tous les invités furent attablés. Baissant la voix afin qu’elle soit la seule à pouvoir l’entendre il lâcha d’une voix froide et cassante. « Dites-moi Mademoiselle Laine, est-ce que séduire des hommes bien trop âgés pour vous est l’un de vos passe-temps favori ? »

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Il sentit Pyry se raidir à côté de lui avant d’asséner d’un ton qui avait aussi perdu toute trace de chaleur « Est-ce mon âge ou le fait que je sois actionnaire qui vous dérange tant ? Car franchement, je ne vois pas ce que l'âge vient faire là-dedans lorsqu'un homme et une femme sont attirés l'un par l'autre. » Il leva les yeux au ciel, n’était-ce pas évident ? « De plus, vous avez supposé que j'étais une fille d'un actionnaire, je n'ai jamais prétendu l'être. » Qu’aurait-il pu penser d’autre ? Il n’avait que rarement vu des personnes aussi jeunes à ces réceptions et quand c’était le cas c’était bien parce qu’ils accompagnaient un parent. « J’estime que l’âge a toute son importance dans certains cas de figure notamment quand les protagonistes sont un PDG de 28 ans et une jeune femme même pas en âge de consommer de l’alcool qui s’avère en plus être actionnaire dudit PDG. » riposta-t-il, cinglant, en passant sa colère sur sa viande qu’il s’évertuait à réduire en pièces. Il n’avait absolument pas faim, ni même l’intention de faire semblant de manger, il avait simplement besoin de s’occuper les mains. C’était soit ça, soit exiger de Pyry qu’elle le suive dans un endroit où ils seraient seuls pour lui passer un savon. Ce qui, il l’admettait, était ridicule et ne mènerait à rien si ce n’est ajouter à son énervement. « J’ai suffisamment de mal à me défaire de la réputation sulfureuse qui me colle au train depuis l’académie pour en plus ajouter à cela celle de sugar daddy Mademoiselle Laine. Étrangement j’ai aussi pour principe de ne pas mêler ce qui a trait à mon travail avec ma vie privée. Aussi vous comprendrez que je considère votre âge ainsi que le fait que vous soyez actionnaire comme deux problèmes majeurs. » renchérit-il sarcastiquement, un sourire faux plaqué sur le visage destiné aux autres convives alors que ses yeux envoyaient des éclairs. Il gardait les yeux fixés devant lui et ne la regardait pas. Etait-ce parce qu’il ne le voulait pas ou parce qu’il ne le pouvait pas ? Il n’en savait rien mais il faisait bien attention à ce que la sublime jeune femme n’entre plus dans son champs de vision. C’était peut-être une réaction exagérée mais il restait campé sur ses positions. C’est comme ça qu’il sentit plus qu’il ne la vit porter sa coupe de champagne à sa bouche dont il se rappelait sans peine le séduisant dessin.

« Je vous prie de m'excuser quelques minutes. » Elle se leva, imitée par les hommes, lui y compris, et quitta la table. Il ne la regarda pas, bien qu’il en ressente vivement l’envie. Après son départ il dut affronter les regards curieux et suspicieux des gens autours de lui, regards auxquels il répondait par des œillades glaciales qui eurent l’effet escompté. Cela l’énervait que Pyry s’en aille comme ça, laissant aux autres le soin de s’imaginer le pire quant à leur discussion. Il imaginait déjà les rumeurs qui fuseraient sûrement dès le lendemain « Mark Dashkov, 28 ans, PDG, passe-temps : abuser et traumatiser d’innocentes jeunes femmes ». Ô joie, Amanda allait lui faire sa fête. Mark ne voyait cependant pas comment il aurait pu réagir autrement, au moins ainsi évitait-il la casse, ou du moins c’est ce dont il essayait de se convaincre. Pyry était maintenant partie depuis un moment et il eut un instant peur qu’elle ait quitté la réception. Il scruta la salle, peut-être était-elle allée s’asseoir ailleurs ? Balayant rapidement l’irrationnelle pointe de jalousie qu’il avait ressentie à cette pensée il dut établir qu’elle n’était pas dans la salle. Il gigota sur sa chaise, mal à l’aise et un peu inquiet. Il tâcha de se raisonner en se disant que c’était mieux pour eux qu’elle soit partie, il n’aurait pas à assister au reste du dîner à ses côtés et elle n’aurait pas à supporter sa mauvaise humeur. Les minutes s’égrainèrent, elle ne revenait toujours pas et le brun ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil inquiets aux quatre coins de la pièce. Elle avait tout de même beaucoup bu, on ne savait jamais. « Monsieur Dashkov peut-être devriez-vous aller vous enquérir de votre compagne. » hésita gentiment une femme avec bienveillance. Malheureusement pour elle, Mark était d’une telle humeur qu’il eut envie d’incendier son brushing savamment réalisé. Pyry n’était pas sa compagne et son état ne la regardait en rien. Malgré tout il se leva pour aller la chercher.

S’informant en vain dans les toilettes pour dames, dans les cuisines et même dans le hall de l’hôtel, il finit par se résoudre à l’idée qu’elle était vraiment partie. Toujours énervé et vaguement frustré par la tournure que prenait la soirée il se dirigea vers l’un des nombreux balcons de la salle pour aller fumer. Contre toute attente c’est là qu’il la trouva alors qu’il avait abandonné l’idée même de la revoir. Il fut tellement soulagé qu’elle soit encore là qu’il en soupira bruyamment ce qui l’étonna de lui-même. Elle allait bien, ou du moins elle semblait aller bien. De là où il était il ne pouvait voir son visage, mais il avait une vue imprenable sur son magnifique dos offert par le vertigineux décolleté de sa robe. Cette vision raviva violemment le puissant désir pour la jeune femme qu’il s’efforçait tant bien que mal d’éteindre depuis que le dîner avait commencé. Mark se trouvait répugnant d’éprouver ce genre de sentiments à l’égard d’une si jeune femme. Elle n’avait que 19 ans. Le petit démon de sa conscience lui rappela sournoisement que sa mère avait le même âge quand elle avait accouché de lui. La simple évocation de sa mère servit à anéantir instantanément toute trace de colère dans son esprit, comme à chaque fois qu’il pensait à elle, elle l’apaisait. L’ange de sa conscience rétorqua toutefois au démon que son père n’avait alors que 20 ans mais que lui en avait 9 de plus que Pyry ce qui rendait quoi que ce soit impossible entre eux. Sans ajouter qu’elle était actionnaire de son entreprise. Ils n’étaient simplement pas faits pour avoir ce genre de relation, c’était ainsi. Il en fut peiné car il ne pouvait nier qu’elle lui plaisait énormément autant physiquement que mentalement et que cela faisait longtemps qu’une femme n’avait suscité ce genre d’émoi en lui.

Il alla se placer à ses côtés, s’accoudant à la rambarde et restant un instant silencieux. « Je pensais que vous étiez partie. » avoua-t-il un léger sourire contrit flottant sur ses lèvres, admirant la pâleur majestueuse du croissant de lune qui dominait le ciel. Finalement il se redressa et la regarda, elle était vraiment à tomber ainsi éclairée par le clair de lune. Il constata soulagé qu’elle ne pleurait pas, il n’avait jamais su comment se comporter avec les femmes dans ce genre de situation. « Vous êtes absente depuis pas mal de temps, nous nous inquiétions. » Nerveux il se passa la main dans les cheveux en triturant ses lèvres. « Je suis ravi de voir que vous allez bien mais je comprends pourquoi vous avez préféré rester ici plutôt que supporter une nouvelle ère glacière à table. Je crains que la Lune soit de bien meilleure compagnie que moi ce soir. » tenta-t-il pour la dérider. Remarquant qu’une soyeuse mèche blonde s’était échappée de sa coiffure il ne put résister à la tentation de la replacer. Il s’approcha de la jeune femme et leva une main vers son visage pour arranger sa coiffure mais il la laissa mollement choir contre son corps avant qu’elle n’atteigne son but quand la jeune femme eut un moment de recul. Il ne pouvait pas lui en vouloir, il était normal qu’elle ne veuille pas qu’il la touche après la façon dont il l’avait traitée. Il n’avait que ce qu’il méritait. Il ne put néanmoins pas s’empêcher d’en être blessé et son regard se voila de tristesse. C’était mieux ainsi. Il s’accrochait avec force à cette pensée parce qu’ainsi près d’elle, son corps si proche du sien il ne pouvait garantir de garder la tête claire malgré ses bonnes résolutions. S’écartant d’elle, il se frotta la nuque en se balançant d’un pied à l’autre, gêné. Il paraissait tellement plus jeune quand il n’affichait pas son habituel air confiant et sûr de lui et qu’il agissait de façon si gauche. Le PDG de multinationale était bien loin et semblait ne pas avoir accompagné Mark sur ce balcon. Il ancra son regard bleu dans celui de la jeune femme en tentant de camoufler la bataille interne qui se déroulait dans son esprit et débita « Ecoutez, je suis vraiment navré pour tout à l’heure. Je n’aurais pas dû réagir comme ça c’est juste que je ne peux pas me permettre de commettre de telles erreurs. C’est entièrement de ma faute je le comprends maintenant et j’ai reporté ma colère envers moi sur vous et ce n’est pas une façon de se comporter. Quoi qu’il y ait ou ait eu entre nous c’est impossible vous comprenez ? Je suis bien trop vieux pour vous et puis vous êtes actionnaire… » Mark avait beau se foutre royalement de ce que les gens pensaient de sa vie privée ce n’était pas le cas quand il s’agissait de son entreprise. Certains ne se priveraient pas de dire qu’il achetait ses actionnaires par des parties de jambes en l’air et il ne pouvait se permettre de tels scandales. « Enfin bref, je suis vraiment désolé. » Il n’aimait pas s’excuser et cela se voyait, il était habituellement suffisamment intelligent pour s’éviter de le faire. Il le devait cependant bien à Pyry après ce qu’il lui avait fait vivre. Il vit Pyry frissonner et instinctivement tomba sa veste pour en couvrir les épaules de la jeune femme. Il ne réalisa ce qu’il avait fait qu’une fois s’être écarté d’elle gêné. Se sentant ridicule il se racla la gorge pour tenter de reprendre contenance. « Que voulez-vous faire ? Rester ici, rejoindre le dîner ou rentrez chez vous ? »

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